Louis-Vincent Thomas, Le Grand-Père Qui M’a Appris Que Les Wolof Ne Meurent Pas : Le Rite Au Service De La Victoire Sur La Mort
Louis-Vincent Thomas, Le Grand-Père Qui M’a Appris Que Les Wolof Ne Meurent Pas : Le Rite Au Service De La Victoire Sur La Mort
DOI :
https://doi.org/10.61585/pud-rea-v1n313Résumé
Parler de la mort en Afrique et, plus particulièrement, de celle des Wolof du Sénégal, c’est entreprendre de dire la « mort-défaite » se traduisant par la toute-puissance de l’action rituelle et des représentations consacrées en la vie victorieuse « imaginalement » dans toute sa plénitude. La mort, s’il faut la comprendre dans ce contexte, n’est pas une « vie perdante » (R. Caillois), elle est « pansée » pour devenir un pas qui ne mène pas vers un inconnu, mais vers un Ailleurs symboliquement connu (Lamine Ndiaye, 2009). Sous ce rapport, la mort vitale se dit, se parle, se discute, se nomme à travers une pluralité de noms dont la signifiance n’entretient pas le silence, voire le mutisme, mais (in)augure le « bavardage-ouverture » existentiel. En convoquant les mots de la « mort-vie », c’est-à-dire un vocabulaire thanatique important pour désigner le mourir, tels que : « gaañu na » (il s’est blessé), « dellu na » (il est retourné, reparti), « dellu » (retourner), « gaañu » (se blesser), « faatu » (« il est passé »), « noppalu » (« se reposer »), « nelaw » (dormir, sommeiller), « saay » (disparaître, s’effacer, « qui s’est effacé »), « wàcc liggéey » (« finir son travail », « bien achever sa tâche », « mission remplie »), « làqu » (se cacher), « guddée » (« être en retard par rapport au moment où il est attendu »), « fàddu » (de qui on a supprimé la vie), « dem » (partir), « dem allaaxira » (« partir vers l’au-delà »), « dëddu » (qui n’est plus), « génn adduna » (« sortir de l’ici-bas »), « réer » (s’égarer, disparaître, perdre son chemin, sa destination), « wuute » (s’absenter) ; « néew » (le cadavre), « ndem si yàlla » (le rappelé à Dieu) ; « lok xepp »